Première escale sur la route [6 mois]

Hier, un petit être effrayé par son premier éternuement. Aujourd’hui, un bonhomme qui tente gaillardement de rester assis et qui est curieux de tout, distillant tour à tour sourires, larmes, borborygme et onomatopées. 6 mois ont passé depuis cette nuit sublime qui a marqué le début de la grande aventure. 6 mois de découverte(s), de rencontre(s), d’apprentissages. Bébé découvre Papa et Papa découvre Bébé. Papa s’occupe de Bébé et Bébé occupe les journées de Papa. Bébé et Papa grandissent ensemble et cela donne une occasion merveilleuse de revenir sur ces six premiers mois de paternité !

Première escale sur la route
– 6 mois –

Être papa (et la peur du temps qui passe)

Depuis que Bébé fait partie de ma vie, je découvre une nouvelle chose chaque jour, j’explore un nouveau sentiment à chaque seconde et je ressens des peurs insoupçonnées jusqu’à présent. Si l’arrivée d’un enfant dans une famille est (souvent) une source de joie éternelle, cela n’est pas le seul cadeau qui est livré par la Cigogne dans le chou (ou la rose) natal(e). En effet, en passant du JE au NOUS, j’ai pris conscience que je vivais désormais avec un nouveau compagnon, juché sur mon épaule, marchant dans mon ombre et dans la présence est permanente dans un coin de ma tête : la Peur.

Ce n’est pas une frayeur viscérale, ni un cri d’effroi causé par l’apparition d’un fantôme (ou d’un serpent). Ce n’est pas non plus un sursaut ou un hurlement au moment de se jeter dans le vide. Il s’agit plutôt d’une vague sensation de devoir constamment être aux aguets, de devoir profiter au maximum de chaque seconde qui s’écoule, de chaque image qui défile, de chaque moment partagé. L’intensité de ces premiers mois de Vie est tellement, forte, tellement magique, tellement unique que j’ai peur de passer à côté d’un instant spécial. Peur de ne pas être là quand il réalise une première fois. Peur de gâcher une extase. Peur de ne pas appréhender un acte correctement. Peur de ne pas apporter les bonnes réponses aux questions non-dites.

Depuis que je suis Papa, je subis une remise en cause profonde, dans laquelle mon humanité se transforme, aspergée d’Empathie, d’Amour et de Bonheur. Je veux protéger Bébé, lui apporter le meilleur et ne lui donner que ce qui est bon pour lui. En même temps, je n’ai jamais été aussi égoïste : je ne veux pas le voir grandir, je voudrais qu’il reste ce petit être si tendre, si doux, si beau. En réalité, je prends conscience, avec une acuité rare, de chaque seconde qui passe et de l’importance de savourer le moment présent avec le maximum d’intensité possible.  Aujourd’hui, plus que jamais, je tente de recentrer ma vie sur des choses plus essentielles, probablement moins frivoles. Profiter d’aujourd’hui, prévoir demain et anticiper après-demain sans rester attardé sur hier : c’est un enjeu majeur pour moi en 2016.

Je suis un Papa 2.0 au foyer (et j’en suis heureux)

Si on m’avait dit qu’à 34 ans, je garderais mon fils à la maison et que je serais payé pour écrire, je crois que j’aurais vaguement rigolé, tellement cette double idée aurait été saugrenue. Pourtant, j’avoue en toute honnêteté que je me sens bien. Après quelques mois à tanguer et à essayer de trouver un équilibre bien précaire, il semble que Bébé et moi ayons trouvé notre rythme de croisière, s’ajustant au gré de ses envies et de ses besoins.

L’idée que je m’occupasse de Bébé lorsque ma (belle, tendre et aimé) #DeT aurait repris le travail est venue vite et naturellement. Si je peux me permettre de rester chez moi pour travailler, si j’ai la volonté de le faire et si la situation professionnelle de notre famille le permet, pourquoi donc passer à côté de cette expérience ? Comme d’habitude (ou presque), j’ai dit “OUI”, sans trop savoir vers quoi je mettais les pieds, sans savoir ce qui m’attendait. Aujourd’hui, en écrivant ces lignes, je me rends compte que ce OUI fut la meilleure des décisions que je pouvais prendre, autant pour lui (je crois) que pour moi (j’en suis sur).

Être un papa au foyer est loin, très loin de l’horreur imaginée par certains. Si – certes – je m’occupe beaucoup de P’tit Bonhomme, il n’en reste pas moins que je ne passe pas mes journées à changer ses couches et à le bercer. Le temps pour moi existe : je le vois, je le palpe et j’en profite. Bien sur, j’ai du abandonner toute idée de planning, apprendre à tout lâcher pour réagir aux premiers pleurs et à indiquer à mes clients que mes délais pouvaient être indicatifs et pouvaient subir quelques aléas mais, en échange de tout cela, j’ai la chance inouïe de voir mon fils grandir jour après jour et de pouvoir créer avec lui une relation unique que j’estime fondamentale.

A la conquête de la Ville

Si, ces derniers temps, je me suis (un petit peu) calmé sur les sorties entre Hommes, le binôme Papa – Bébé n’en continue pas moins à explorer la ville selon les caprices de la météo. Je me rappelle encore avec une émotion folle notre première balade, juste lui et moi, quand il n’était âgé que d’un mois et quelques jours. La liste des recommandations de #DeT était plus longue que toutes les éditions du Michelin mises bout-à-bout depuis sa création. J’avais avec moi assez de matériel pour survivre à trois conflits nucléaires, à un Tsunami et à une attaque de zombies. J’avais un Bébé, un landau et une envie extraordinaire : voir ce qu’allait donner cette première aventure dans Paris.

J’ai très vite pris conscience que la Capitale n’est pas faite pour les bébés : sirènes incessantes (qui font du bruit et font pleurer), revêtements aussi aléatoires qu’anarchiques (qui font des cahots et réveillent et font pleurer), étroitesse des trottoirs, fumée des véhicules (et des fumeurs). TOUT semblait être voulu pour me faire rentrer à toute vitesse vers le giron familial et refourguer vite, vite, vite, ce bébé pleurant et hurlant, blotti au creux de sa gigoteuse.

Pourtant, j’ai pris sur moi. J’ai appris à zigzaguer, à profiter de chaque ouverture, à me balader d’ombres en ombres, à imposer mon mastodonte et à ne pas céder les priorités. J’ai découvert que nous pouvions aller virtuellement n’importe où, des salons professionnels (où sa présence détonne) aux rendez-vous plus intimes entre amis (toujours curieux). Je n’ai plus cette peur et j’ai appris à m’organiser en quelques minutes, à enfiler l’écharpe (ou à charger le landau) et à partir, toujours plus loin, toujours plus longtemps.

Bref, depuis six mois…

J’ai appris (beaucoup).
J’ai découvert (encore plus).
Je m’émerveille (beaucoup).
Je grogne (trop).
Je ris (sans cesse).
Je parle bébé (tout le temps).
Je savoure (chaque seconde).
Je rêve de fuite (de temps en temps).
Je suis heureux (à 101%).

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